29e édition du Festival d'Un Jour

Le mois de mars, à La Cartoucherie, est associé à une grande fête qu’on a hâte de retrouver, celle du cinéma d’animation, et particulièrement du court-métrage, grâce au Festival d’Un Jour ! Pour l’occasion, on a parlé avec la Directrice de L’Equipée, l’association qui organise le festival, Laetitia Charbonnier.

 

A l’orée de cette 29e édition du Festival d’Un Jour, dans le contexte économique actuel et de reconquête des publics dans les salles, comment abordes-tu ce double enjeu ?

Je crois que la réponse se situe dans le sens de la communauté associative du spectateur et du sentiment d’appartenance que l’on défend depuis toujours à L’Equipée. C’est pour cela que nous avons fait le choix de proposer à notre public de s’impliquer dans le projet de L’équipée, grâce à une adhésion annuelle de 4€, qui donne accès à toutes les activités de l’association et sauve la gratuité de nos festivals (Festival D’un Jour et Festival Deux Nuits). Le plus important pour nous est de réinvestir le lieu de l’association en proposant un parcours à l’intérieur de la diversité de nos actions : vous arrivez par le Festival d’un Jour et votre adhésion vous sensibilise aux autres propositions de L’équipée : une projection plein air ? un atelier de pratique ? une intervention de team building ? etc. Telle une maxime qu’on aime à redire à L’Equipée « on ne naît pas spect-ateur, on le devient ! ».

 

Bientôt 30 ans que le Festival d’Un Jour existe, et chaque fois, c’est une véritable découverte, des choix éclectiques, donnant la part belle au court-métrage, et ce pendant 6 jours, dans 8 communes de Drôme et d’Ardèche, dans plus de 14 salles ! Parle-nous de ton invité d’honneur ? Un peu spécial cette année !

Toujours dans cette idée d’appartenance à une communauté, je souhaitais donner la parole à un projet du coin, un projet du territoire et avoir un invité d’honneur qui soit une équipe de film qui vit et travaille ici. En tant que territoire du cinéma d’animation, l’ancrage et l’appropriation sont des notions qui me sont chères et j’aime cette idée de « partir à l’aventure en territoire connu » car c’est une aventure que de vivre sur un territoire, qui plus est d’animation ! Car dans ce contexte de désaffectation des salles, de désespérance vis-à-vis de l’actualité internationale, environnementale, c’est important de retrouver du sens chez soi déjà.

Et qui de mieux que le film Le Secret des Mésanges pour incarner cette idée. Il s’agit d’un long métrage en papier découpé, véritable exception artistique. Dans le rapport aux publics, c’est un véritable bonbon. C’est concret pour comprendre les étapes de création car tout le monde a du papier chez soi. C’est facile de créer du lien avec les spectateurs. Sur la matière, on est en relation directe entre un film et son public.

 

Et comment est-ce que ton invité d’honneur ponctue ta programmation ?

Cette année, nous aurons deux rendez-vous de rencontres avec les auteurs du film : un rendez-vous public et un rendez-vous professionnel.  

Le rendez-vous public va consister à réunir sur scène, sur le plateau du Lux, tous les postes de travail qui ont concouru à l’étape de production à laquelle le film est actuellement. Antoine Lanciaux, le réalisateur, mettra en scène une séance de travail, dans les moindres détails, depuis les postes de fabrication des pantins et des décors jusqu’aux tests des éclairages, en partageant tous les éléments de réflexion, les problématiques qu’ils ont eus et traversés sur cette étape de fabrication du film.

Le rendez-vous professionnel (à la Cartoucherie) va s’intéresser à l’écriture et à la mise en scène. Antoine Lanciaux et Pierre-Luc Granjon ont travaillé ensemble à l’écriture puis au découpage du film. Lors d’une masterclass, ils parleront de leur processus de travail par comparaison : chacun a travaillé de son côté sur une proposition de découpage à partir du scénario puis ils ont ensuite comparé leur version pour arriver à une proposition finale. Ce qui est drôle c’est de se dire que l’aventure papier découpé a commencé dès cette phase du travail !

 

Ce film en papier découpé, voilà une occasion rêvée de faire découvrir les coulisses de la fabrication, la spécialité des ateliers de L’Equipée ! Je crois savoir qu’il s’agit d’une exclusivité 2023 !

A L’Equipée on croit très intimement que la passation et l’appropriation passent par l’expérimentation. Notre crédo : « pour comprendre le cinéma, tu en fais ». La technique du papier découpé permet de décliner des ateliers toute la semaine du festival dans différents lieux de la Cartoucherie. Toute l’équipe de fabrication des éléments de tournage du film sera là, chacun à son poste autour des trois ateliers proposés au public : pantin, décor et voix.

 

Et comment est-ce que tu déclines la découverte du court-métrage au sein du Festival ?

Le court-métrage est appréhendé de deux manières. Une sélection des films de l’année, que le conseil artistique a vu en festival, propose une vision de l’actualité de la production internationale., dans le cadre de « La nuit la plus animée ». Et, par ailleurs, le festival donne à voir ou revoir des courts métrages en lien avec l’invité d’honneur. On va retrouver des films réalisés par la même équipe artistique que Le secret des mésanges, mais aussi des films regroupés autour des thématiques explorées dans le film - les oiseaux, le monde rural, et la filiation – et des films réalisés en papier découpé !

 

Quel est ton rendez-vous préféré pendant le festival ?

C’est le Prix du Public ! Il existe le Prix du Public adulte et le Prix du Public enfants. On réunit 100 personnes en simultanée : 10 tables de 10 personnes pour les faire réfléchir autour d’une proposition de programmes (3-4 films de 4-5mn) en discussion avec des professionnels du cinéma d’animation (réalisateur, producteur).  Ce qui nous importe c’est le chemin que l’on va réussir à faire parcourir au public dans la compréhension des critères d’appréciation d’un film au-delà du « j’aime, je n’aime pas » : narration, univers visuel, univers sonore. Et puis C’est une séance conviviale, parce qu’on prend l’apéro, et ça pour moi, c’est super important. C’est la communauté, le partage.

 

Tu as également initié une Résidence de création (Le Marathon) qui a permis de belles rencontres avec les producteurs locaux de cinéma d’animation. Peux-tu nous en dire plus ?

En 2014, à l’occasion des 20 ans du Festival, on a mis en place une Résidence pendant le Festival d’Un Jour qui propose à six réalisateurs de réaliser sur une semaine une séquence animée d’une minute sur tablette numérique. Le public est invité à faire des visites guidées tous les jours pour voir le processus créatif à l’œuvre. La Résidence est coordonnée cette année par le réalisateur Osman Cerfon et c’est le compositeur Nathanaël Bergèse qui produit les bandes musicales originales à partir desquelles les marathoniens vont travailler. La thématique du Marathon est liée à un lieu/une activité emblématique de la Drôme.

 

Cette année le thème est « Retour au sauvage », en écho à notre rencontre avec le « Collectif des fermes paysages et sauvages de la Drôme », et plus particulièrement avec un de ses adhérents, la ferme de rougequeue. Cette ferme met un point d’honneur à faire coïncider son exploitation avec la vie des animaux sauvages pour lesquels ils favorisent leur habitat à proximité. Les Marathoniens, une fois sélectionnés, iront passer une journée à la ferme de rougequeue, rencontreront un philosophe et un naturaliste pour se familiariser avec enjeux de ce retour au sauvage… et nourrir leur imaginaire ! A partir de là, les Marathoniens tireront au sort un animal sauvage de la ferme et devront réaliser une séquence animée de 1mn, en se basant sur la musique de Nathanaël Bergèse.

 

 

Notre objectif premier, c’est de montrer au public, de façon ultra concrète, le processus créatif à l’œuvre. Mais On s’est rendu compte que ce rdv était pour les jeunes professionnels participants, une manière de se faire connaître des producteurs locaux. Et, pour les professionnels plus aguerris, d’ici ou d’ailleurs, comme Sébastien Laudenbach, Fabrice Luang-Vija, Théodor Ushev, Nicolas Hu, Claude Delafosse, Emilie Pigeard…, c’était une parenthèse créatrice riche de ressources et de rencontres.

 

Finalement, ton festival, ce n’est pas un festival Tout Public, c’est un festival Large Public ?

C’est vrai ! C’est un joyeux mélange de gens qui n’ont jamais mis les pieds au cinéma, des familles qui viennent uniquement parce qu’ils ont des enfants, des parents qui ont des enfants et qui aiment la proposition artistique, ceux qui ont déjà une histoire avec le cinéma d’animation, des professionnels, des étudiants de cinéma d’animation. Large public, c’est le mot !